jeudi 4 octobre 2007

Le temps des révolutions et des convulsions : la révolution démocratique

En France, le courant démocratique naît avec la Révolution, mais il dépasse le libéralisme en voulant instaurer immédiatement une véritable égalité des citoyens sans discriminations, une universalité portée par le suffrage universel et donc par la souveraineté populaire, arrachée par la Révolution de 1848. Selon les démocrates, il incombe à l’Etat de corriger les inégalités en assurant la redistribution.
Les premiers représentants de la révolution démocratique sont les Montagnards, appartenant socialement à la bourgeoisie mais défendant les sans-culottes. Promulguant en 1793 une Déclaration des droits de l’homme nettement plus marquée par l’égalité que par la liberté, contrairement à celle de 1789, leur idée de l’association est également clairement communautaire :
« La liberté est le droit, pour chaque citoyen, de concourir à la formation de l’intérêt général. (…) Des divergences, en effet, ne peuvent exister qu’avant la manifestation de la volonté générale ; après, il ne doit y avoir que consentement unanime. »[1]

Dans ce contexte, l’Etat est fort et centralisé mais non despotique, puisqu’il doit être le reflet des volontés de chaque citoyen.
On retrouve ici l’influence de Rousseau, lorsque celui-ci déclare : « Rendez l’homme un, laissez-le tout entier à lui-même ou donnez-le tout entier à l’Etat ». Ainsi, le Contrat social engendrant la souveraineté populaire est aussi unificateur et égalisateur : dans ce système politique, la diversité du milieu associatif n’a pas non plus sa place. Une distinction primordiale apparaît ici : les termes « société civile » ou « association » ne sont pas directement à l’idée de souveraineté populaire. Au contraire, Rousseau rejette toute division et tout corps intermédiaire susceptible de diviser les citoyens. La vox populi est pour Rousseau celle de chaque citoyen pris individuellement, qui dépasse sa condition pour intégrer la volonté générale. Il n’est ici aucunement question de regroupement intermédiaire permettant au peuple de s’exprimer librement en groupes restreints. Le citoyen dialogue directement avec l’Etat. Courants français libéraux et démocratiques se rejoignent sur ce point.
L’égalité est le fondement de la société démocratique parce qu’elle permet d’instaurer l’unité de la nation et de l’Etat : sans elle, l’égoïsme et la division règnent. Cette conception se reflète dans le modèle d’instruction : contrairement aux institutions privées défendues par Condorcet, Robespierre prône une égalité totale dans le domaine de l’éducation, entièrement assurée par l’Etat : l’accent est mis sur l’enseignement primaire et sur les travaux manuels.

Les démocrates ne trouveront leurs électeurs ni parmi les paysans conservateurs ni parmi la classe ouvrière, soit soumise soit révoltée, mais parmi la classe moyenne résultant des transformations économiques et techniques. On les trouve employés dans les chemins de fer, dans les banques, dans les grands magasins et dans l’administration, c’est-à-dire dans ce que l’on nomme « secteur tertiaire ». Grâce à l’instruction, c’est ainsi une petite bourgeoisie qui se développe, en marge des classes sociales anciennes.
Ces dernières gardent le pouvoir dans les faits, notamment l’aristocratie, qui maintient son autorité morale sur les paysans, les cercles de pouvoir tels que l’armée, les clubs politiques, les ambassades.
« C’est un drame de la IIIe République, entre 1879 et la Première Guerre mondiale, que cette dissociation entre un pays politique conquis par les républicains qui s’emploient à instaurer une effective démocratie, et un ordre social qui continue d’être dirigé par la société antérieure à la République. (…) Le fait est encore plus flagrant en Autriche-Hongrie, où se sont le mieux préservées les traditions aristocratiques de l’Ancien Régime (…). Ainsi, à la veille du premier conflit mondial, l’Europe, qui va se déchirer, est encore largement aristocratique.»[2]

Bourgeoisie anciennement révolutionnaire et aristocratie finissent par défendre des intérêts communs contre les démocrates et les forces populaires. On retrouve ici les mêmes clivages qu’en Hongrie : noblesse et bourgeoisie défendent le système libéral leur permettant d’asseoir leur pouvoir économique et social. A l’époque, les classes populaires effraient profondément les pouvoirs en place. C’est pourquoi l’établissement de la démocratie sera retardé.
Ainsi, si la démocratie s’est en Europe orientale directement opposée à l’Ancien régime au début du XXe siècle – le suffrage universel n’est instauré que dans la partie autrichienne de l’empire habsbourgeois en 1906 –, en Europe occidentale, c’est au libéralisme qu’elle a dû s’opposer. C’est pourquoi la démocratie oscillera entre la délégation du pouvoir au Parlement, synonyme de l’ère libérale, ou au pouvoir centralisateur de l’Etat. Cet Etat est, d’ailleurs, pendant l’ère libérale, réduite à une portion congrue : il compte peu de membres, peu de départements, finalement peu de fonctionnaires au vue de la situation actuelle, un budget public modeste. Comme l’écrit René Rémond, « l’Etat n’est ainsi qu’une petite chose à la surface de la société. »[3]
Ainsi, l’expansion étatique s’est faite progressivement sur la base des prérogatives qui lui ont été attribuées : sous l’ère libérale, l’Etat est chargé de contrôler le respect des libertés ; ensuite, il est chargé par les démocrates de fournir à tous les citoyens l’accès à la santé, à l’instruction ; il doit également s’assurer de l’application de la législation sociale, prendre en charge les plus démunis. Ces attributions se trouvent par ailleurs renforcées en situation de crise économique : il est sommé de venir en aide aux chômeurs en relançant l’emploi par l’intermédiaire des grands travaux. Enfin, les guerres ont été un facteur décisif du renforcement du pouvoir de l’Etat : il contrôle alors la vie entière du pays et notamment l’économie. Il est ensuite chargé de remettre le pays exsangue à flot. Enfin, l’Etat prend en charge l’initiative quand elle se montre défaillante au niveau privé, notamment concernant des ressources financières nécessaires au développement de nouvelles techniques, dans la recherche, ou encore le logement.
« La reconnaissance progressive des implications et des applications de l’idéal égalitaire de la démocratie, l’aspiration à la justice qui s’exprime dans les écoles socialistes et le christianisme social ont fait paraître anachronique la notion libérale de non-intervention et de neutralité de l’Etat. »[4]

C’est ainsi que des pans entiers du secteur privé passent dans le public, s’opposant à de nombreuses résistances, notamment au niveau de l’instruction et de la santé, en imposant ses propres normes. L’Etat n’est pas aimé mais il permet toutefois de développer le pays dans de nombreux domaines. Cette animosité est d’ailleurs plus que jamais d’actualité aujourd’hui, comme le note encore une fois René Rémond :
« (…) les sociétés contemporaines peuvent-elles se passer d’un Etat puissant et comment peuvent-elles éviter que les évolutions, technologiques ou intellectuelles, comme les révolutions – politiques, sociales, économiques –, ne tournent au renforcement de l’autorité et de la contrainte ? »[5]

Ainsi, la démocratie vient en France dans le prolongement du libéralisme : ce qui fait basculer le régime de l’un à l’autre est le renforcement des prérogatives étatiques.
Après les Etats-Unis, la France est le deuxième pays à expérimenter la démocratie et, même si la IIe République est éphémère, elle laisse des traces durables dans la vie politique française. En effet, le suffrage universel masculin est instauré en 1848, permettant à l’ensemble de la population française – excepté les femmes – de s’exprimer. « C’est une des ruptures les plus brusques qu’ait connues notre histoire politique. »[6] L’indemnité parlementaire est également mise en place, permettant aux élus populaires d’honorer leur mandat. Par ailleurs, le courant démocratique penche plutôt pour un pouvoir étatique centralisé au détriment du parlementarisme, qui lui rappelle la domination bourgeoise. Cette tendance peut aller jusqu’à l’agrément d’un pouvoir fort comme ont pu l’être les deux empires, alliant régime populaire et autoritaire. Enfin, la démocratie marque l’avènement des partis politiques modernes, qui prennent le relais des clubs libéraux, pour mieux exprimer les diversités sociales et idéologiques. Ils s’appuient sur une base de militants, pour lesquels le parti exerce un rôle d’instruction politique, en même temps qu’il est un lieu de débat et de réflexion. L’ouverture de la vie politique sur la société est indissociable de l’ouverture aux préoccupations sociales proprement dites : l’instruction et l’information constituent encore plus qu’aux époques précédentes le pilier du courant démocratique : l’enseignement doit être universel, obligatoire, gratuit et surtout soustrait aux ennemis de la démocratie, l’Eglise en premier lieu. Des associations privées telles que la Ligue de l’Enseignement militent en ce sens dès 1866.

Car la démocratie fait aussi tomber les contraintes : les événements de 1830 et de 1848 ont montré que la vitalité des regroupements contestataires n’a pas été atteinte, tout juste est-elle repassé dans le secret. Ainsi, les associations ne sont pas étrangères à l’établissement de l’éphémère IIe République, qui rétablit dans sa Constitution du 4 novembre 1848 « le droit de s’associer, de s’assembler paisiblement et sans arme, de pétitionner, de manifester leurs pensées par voie de presse ou autrement. »
Si le second Empire qui lui succède ne permet pas le même niveau de tolérance, il finit toutefois par « dépénaliser » progressivement les regroupements : d’abord les sociétés de secours mutuel en 1852, puis les coopératives en 1867 et enfin les réunions publiques – sous réserve de déclaration préalable – en 1868.
La IIIe République, via les lois de 1875 et 1884, soustrait au Code pénal les associations éducatives et les syndicats professionnels.
Ce qui retarde la loi de portée générale, la fameuse loi Waldeck Rousseau du 1er juillet 1901, réside dans la volonté de lutter contre les congrégations religieuses. Après une série d’atermoiements, elle finit cependant par être promulguée.
Le retard de la loi de 1901 illustre donc un autre conflit inséparable de l’histoire française : la lutte entre l’Etat démocratique et l’Eglise.

En Hongrie, les prémisses du conflit entre libéraux et démocrates, qui éclatera plus tard qu’en France, au XXe siècle, peut être illustré par deux hommes qui ont profondément marquée l’histoire hongroise du siècle précédent : Istvàn Széchényi et Lajos Kossuth.
Le premier appartient au mécénat aristocratique : il est fondateur du Musée national et de la Bibliothèque nationale. Il défend la suppression du droit successoral et du servage seigneurial, mais il s’inscrit dans le courant libéral en affirmant que le progrès économique engendrera de lui-même le progrès social.
« Dans l’esprit de Széchenyi, réformateur « à l’anglaise », le progrès passe par là [projets de construction grandioses] ainsi que par l’égalité des devoirs civiques, le paiement des impôts par la noblesse et non par subversion sociale, non plus que par la démagogie nationaliste. »[7]

Le second est dénommé par Széchényi « le démon », « le fou dangereux ». Lajos Kossuth ne pense pas que le développement industriel et l’enrichissement conduise à la liberté nationale. Pour Kossuth, liberté nationale et liberté des masses sont inséparables. C’est ce qui lui assurera le soutien populaire en 1848. Kossuth est issu d’un milieu amené à jouer un rôle historique : celui d’une petite noblesse en remplacement d’une bourgeoisie encore en gestation.
«Ce qui, par ses qualités, par son milieu et par les circonstances, incombe à Kossuth n’est ainsi ni plus ni moins que de souder, en une nation adaptée à la modernité européenne, une société retardée dans son développement par ses malheurs extérieurs. Il faut mener simultanément le combat pour le progrès et pour la liberté nationale.»[8]

Par ailleurs, Kossuth a compris le pouvoir grandissant de la presse et il sait l’utiliser. Il sait fédérer ceux qui joueront un rôle primordial dans la Hongrie de la seconde moitié du XIXe siècle : la noblesse ordinaire, l’intelligentsia et la bourgeoisie, c’est-à-dire les classes moyennes en formation, sur lesquelles s’appuie également le courant démocratique français, mais si les deux classes sont différentes dans leur constitution sociale intrinsèque.
« (…) force politique et économique considérable. Cette force fonctionne, pourrait-on dire, comme le tiers état, mais à cette différence près que la couche hétéroclite des citadins qui ne sont ni nobles ni bourgeois (dont 240 000 artisans et 25 000 ouvriers et leurs familles) et l’immense paysannerie attendent en spectateurs l’aboutissement des réformes, l’abolition du servage et l’avènement de la démocratie. » [9]

L’impulsion est donnée par la révolution française de février 1848.
Suite à la proclamation de la IIe République, Kossuth rédige avec son Cercle d’opposition les « douze points » contenant les revendications hongroises : liberté de la presse, suppression de la censure, création d’un ministère responsable et d’une Assemblée nationale à Budapest, égalité de droits civiques et religieux, contribution égale de tous aux charges publiques, suppression des redevances seigneuriales, création d’une Banque nationale, mise en place de forces armées nationales, libération des prisonniers politiques, introduction de réformes judiciaires et proclamation de l’union avec la Transylvanie.
Le lendemain de la révolution viennoise du 13 mars 1848, les jeunes intellectuels réunis au café Pilvax de Pest se révoltent. C’est ensuite que la foule rejoint les meetings. La Diète de Pozsony cède rapidement tout comme le pouvoir impérial aux revendications et « douze points » sont entérinés. Suite à la dissolution de la Diète, la Hongrie devient une monarchie constitutionnelle parlementaire, la première Assemblée étant élue au suffrage direct par les nobles, les bourgeois et les paysans aisés, la seconde au suffrage universel. Le 28 juillet 1849, une loi d’émancipation « des habitants de religion mosaïque » est votée, validant notamment les mariages mixtes entre juifs et chrétiens. Par ailleurs, après de nombreuses réticences et dans le but de rallier les minorités à la cause hongroise, une loi sur les nationalités vote le droit d’utiliser sa langue dans l’administration locale, les tribunaux, l’école primaire, la vie communautaire et la garde nationale. Pour l’époque, le vote d’une telle loi est particulièrement novateur. Ainsi, la Hongrie s’engage subitement dans une voie radicalement nouvelle, sur des bases à la fois libérales et démocratiques : le maintien de la monarchie malgré la volonté de certains radicaux de proclamer la République, le vote d’une constitution et la formation d’une Assemblée acquise à la noblesse provinciale ancrent les institutions politiques dans le libéralisme sur un modèle anglo-saxon ; cependant, l’égalité de l’impôt pour tous, l’abolition du servage et l’éphémère volonté d’introduire le suffrage universel poussent la révolution vers une radicalisation démocratique. Enfin, la loi précitée mais aussi les créations d’une armée et d’une monnaie nationales lui donnent une dimension résolument nationaliste. C’est l’engagement dans cette troisième voie qui va conduire à son échec. C’est en effet la guerre de libération nationale conduisant à la proclamation de l’indépendance de la Hongrie qui va conduire une alliance entre les Habsbourg et les Russes. Cette trahison laissera des traces indélébiles dans la mémoire hongroise et c’est en vain que le pouvoir soviétique tentera plus tard de minimiser cette intervention : le voisin russe devient alors un ennemi pour la Hongrie. Et malgré les vaines protestations du tzar, la répression autrichienne sera impitoyable. Les Hongrois reprennent alors leur stratégie de résistance passive :
« La résistance passive est comme un mode de vie et un code éthique. (…) témoignage d’un comportement social et d’une certaine mentalité collective. »[10]

Cependant, malgré sa défaite, la révolution libérale et démocratique a laissé des traces durables : la Diète est définitivement supprimée et le servage aboli.
La défaite de la révolution démocratique consacre le modèle libéral : il faudra attendre 1918 pour que le suffrage universel soit instauré en Hongrie.
Les associations qui ont porté la révolution de 1848 sont le fruit du courant libéral : elles sont constituées de la noblesse et d’une bourgeoisie montante qui a bénéficié de l’éducation introduite par le despotisme éclairé. Si elles ont fortement ébranlé le système féodal, en dissolvant la Diète et en abolissant le servage, elles n’ont pas introduit de souveraineté populaire : l’Assemblée reste aux mains des élites. Par ailleurs, l’abolition tardive du servage ne permet pas, dans un premier temps, de changer les mentalités traditionnelles ancrées dans un rapport de dépendance entre le seigneur et ses paysans. Malgré les efforts des Habsbourg, en la personne du ministre de l’intérieur Alexander von Bach, de diviser la noblesse et la paysannerie, les Hongrois restent unis autour de la défense de l’identité nationale. Le terme « liberté » consacre l’alliance entre le courant libéral et nationaliste.
Ainsi, les associations resteront fidèles à un modèle utilitariste anglo-saxon fermé aux couches populaires. En Hongrie, on peut alors affirmer que c’est le nationalisme qui devient l’ennemi de la démocratie et de la formation de ces sphères d’apprentissage ouvertes à tous, que doivent être les associations selon l’idée chère à Tocqueville. Malgré la prolifération des associations, le droit des minorités et l’injustice sociale demeurent des problèmes fondamentaux.
Pourtant, la Hongrie a également eu son Tocqueville : le baron Jozsef Eötvös, qui défend également un système fondé sur l’auto- gouvernement local et un réseau d’associations autonomes. Cependant, l’opposition de la noblesse, seule détentrice du droit de vote, à des réformes favorisant la bourgeoisie et les minorités montre à quel point la Hongrie reste figée dans le passé.

Lorsque que le courant démocrate réapparaît dans un contexte de conflits politiques au début du XXe siècle, il subit déjà l’influence du courant socialiste. En effet, guidé par des personnalités telles que le poète Endre Ady et le sociologue-historien Oszkàr Jàszi, il s’appuie alors sur des sociologues regroupés en associations telles que la Société des sciences sociales et des revues comme Huszadik Szàzad (Vingtième siècle) et Nyugat (Occident). Il préconise des transformations sociales et non politiques notamment en s’abstenant de voter, ce qui est également à la base du socialisme français.

Leurs influences sont diverses : le positivisme, Herbert Spencer, la sociologie de Durkheim, Vilfredo Pareto, ou encore l’anarcho-syndicalisme, le marxisme et l’évolutionnisme. C’est cette hétérogénéité mais aussi et surtout l’absence d’assises sociales qui concourt à leur faible succès. En effet, ces intellectuels, juifs pour une bonne moitié, ne parviennent pas à obtenir l’appui d’une bourgeoisie encore fragile et peu soucieuse des problèmes sociaux. Démarqués également du mouvement ouvrier influencé par le marxisme, ils tentent d’incarner selon l’historien Miklos Szabo une « troisième voie » qui reste du domaine de l’utopie. Le mouvement finit par se diviser, les plus radicaux fondant en 1908 le cercle Galilée, comptant également des socialistes et de futurs communistes.
« Ces lectures éclectiques ne peuvent pas former une idéologie cohérente, mais ont le mérite d’insuffler une nouvelle culture politique, démocratique, pluraliste, européenne. Les radicaux ont le courage de semer sans l’espoir réel de récolter. La quasi-indifférence de la majorité des radicaux à l’égard de l’économie, tant théorique que réelle, ne fait que diminuer encore l’espoir d’exercer une influence significative sur la société. Il est difficile de se battre contre tout un monde ; c’est se faire beaucoup d’ennemis et peu de partisans. »[11]

Ainsi, l’association est encore une fois le reflet de l’évolution sociale du pays : portée par le progrès de l’instruction publique, une intelligentsia a su dépasser la démarche utilitariste propre au modèle anglo-saxon sur la base d’une réflexion sociale. Cependant, en l’absence d’assises suffisantes, elle n’a pas pu fédérer des classes guidées par la défense de leurs intérêts.
[1] Marc Régaldo, chapitre 1.3.2. « Le radicalisme révolutionnaire » in Nouvelle histoire des idées politiques, op. cit. Page 154.
[2] René Rémond, op.cit. Page 64.
[3] René Rémond, op.cit. Page 104.
[4] René Rémond, op.cit. Page 111.
[5] René Rémond, op. cit. Page 113.
[6] René Rémond, op.cit. Page 69.
[7] Miklos Molnàr, Histoire de la Hongrie, op.cit. Page 234.
[8] Miklos Molnàr, Histoire de la Hongrie, op.cit. Page 236.
[9] Miklos Molnàr, Histoire de la Hongrie, op. cit. Page 238.
[10] Miklos Molnàr, Histoire de la Hongrie, op. cit. Page 270.
[11] Miklos Molnàr, Histoire de la Hongrie, op. cit. Page 315.

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